Comment gérer ses grosses colères?

Cet article s’adresse aux personnes qui se sentent parfois débordées par leur colère, soit qu’elles se mettent à crier et invectiver l’autre, soit qu’elles lancent froidement des propos désobligeants ou commettent des actes qu’elles regrettent ensuite. Car, s’il existe des colères constructives, la plupart d’entre elles blessent l’autre autant que nous-mêmes. Notre parole s’enflamme et  souvent, nos mots vont bien au-delà  de nos pensées, de nos sentiments. En nous perdant  dans ce flot agressif, nous perdons à coup sûr la relation avec l’autre.

Comment faire pour se respecter et respecter l’autre en même temps ?

Derrière une colère, un besoin

La clé réside dans le fait de savoir que derrière une colère, il y a un besoin non satisfait. Non pas une exigence (j’entends par là un « besoin que l’autre doit satisfaire à tout prix »), mais un besoin profond qui doit, avant tout, être entendu et reconnu par soi-même. Le simple fait d’entendre son besoin et de lui accorder le droit d’exister est apaisant en soi.

La colère masque souvent une autre émotion, dissimulée et muette depuis longtemps : la tristesse.

Le plus difficile est de repérer le moment où la colère monte : elle est déjà là … et les mots, les gestes parfois, sont déjà partis.  Si votre intention de transformation est sincère, ce n’est pas trop tard. Vous savez à présent que vous êtes en colère. Dites-le. Sans en rendre l’autre responsable même si à l’instant présent c’est bien ce que vous croyez (c’est sa faute). Dites-le « Je suis en colère ! » C’est déjà prendre la responsabilité de votre émotion. Et cela peut aider l’autre à ne pas entrer immédiatement dans la confrontation, ou bien à ne pas se fermer et ainsi enclencher une spirale infernale.

Apaiser son dragon en l’écoutant

Ensuite, c’est avec vous que cela se passe. Il y a un dragon cracheur de feu en vous et il convient de l’apaiser. Non pas de le détruire ou de l’ignorer car malgré tout, il est votre allié : il parle de vous et de vos besoins, il est un messager de vous à vous. Un messager précieux mais maladroit. Maladroit parce que la plupart du temps notre éducation ne nous a pas appris à gérer nos besoins, nos émotions, et, pour détourner ce débordement, nous n’avons d’autre ressource que d’en rendre l’autre coupable. Et malheureusement,  c’est ainsi que les relations se fragilisent et meurent parfois.

Bien sûr que par son attitude, par ses mots, l’autre a déclenché cette émotion. (A moins bien sûr que vous ne l’ayez mal interprété, ce qui constitue une probabilité non négligeable). Il n’en reste pas moins que ce qui a été touché en vous vous appartient.  Votre besoin d’être entendu, d’être respecté, votre besoin de partage, de reconnaissance, d’être câliné, votre besoin d’être envisagé, votre besoin de sécurité, …… Et il vous appartient d’entendre ce besoin pour mettre vos limites et exprimer votre demande. En toute responsabilité.

Revenons à votre dragon cracheur de feu : il est là, prêt à bondir et à mordre. Vous avez signifié à l’autre que vous êtes en colère. Que faire à présent ?

S’ancrer dans son corps

Lâchez l’autre (éloignez-vous si possible ou bien « tournez 7 fois votre langue dans votre bouche ») et occupez-vous de votre dragon. Prenez le temps de noter vos sensations, ce qui se passe dans votre corps, votre gorge, votre cœur, votre ventre…  Attardez-vous sur votre respiration. Comment est-elle ? Courte, saccadée, ou au contraire imperceptible? Prenez-en conscience et doucement amplifiez-la.  Prenez quelques grandes inspirations avec l’idée que cet air pris en abondance vous calme et vous apporte à chaque fois un peu plus de sérénité. En expirant, vous chassez tout ce qui vous blesse et vous encombre. Vous pouvez marcher, en vous attachant à rester dans la sensation de votre corps, de chacun de vos pas et de votre souffle renouvelé.

Vous pouvez aussi avoir dans votre poche un petit objet que vous aimez bien, un caillou que vous caressez, qui vous ramène à une sensation connue, une sensation rassurante. Respirez dans cette sensation, dans votre main au contact de l’objet…

Et … souriez. S’efforcer de sourire même si on n’en a pas envie, aide à se reconnecter à un sentiment de joie. Lorsqu’on sourit, notre corps libère des neurotransmetteurs que sont les endomorphines. La particularité de ces neurotransmetteurs est de nous faire parvenir une sensation  de bien être intérieur. Comme après un effort sportif.

Si l’autre est là toujours près de vous, vous pouvez prononcer cette phrase : « Je fais de mon mieux ». Ce qui est vrai, ce n’est pas facile. Vous lui en voulez et vous faites tout ce que vous pouvez  pour ne pas l’incriminer, prendre soin de lui tout en prenant soin de vous en apaisant votre dragon, comme un bébé qu’on calme.

Si vous êtes parvenu jusque-là et que vous vous sentez un peu plus calme, bravo ! Il n’est cependant pas souhaitable pour l’instant, de discuter avec votre compagnon/compagne de la raison de votre colère.

Dans son livre « La colère, transformer son énergie en sagesse » Thich Nhat Thanh nous fournit un mode d’emploi, dont l’objectif est un surcroit d’amour pour vous-même et pour la personne qui partage votre vie, à l’inverse de ce que produisent vos colères habituelles. Il invite les personnes à se donner un rendez-vous pour reparler de ce moment de colère à quelques jours d’intervalle. Il s’agit bien sûr de pourparlers de paix.

Communiquer sans violence

Il est important que vous informiez l’autre que vous avez décidé de ne plus vivre le cycle infernal  généré par vos colères parce que vous l’aimez et que vous avez décidé de prendre soin de votre relation.

Que vous vous efforcez de retrouver en vous vos besoins afin de les assumer.  Ce sont des zones de fragilité que vous voulez bien lui partager, car vous avez besoin de son aide. Ces besoins non nourris parlent d’un passé et de votre enfant intérieur blessé. Ils se réactivent à la moindre occasion, générant cette colère que vous vous efforcez de rendre inoffensive. Ces besoins ne demandent qu’à être entendus pour s’exprimer à présent sans virulence.

Avant de parler à votre compagnon/compagne vous pouvez, pour démêler vos affects de la réalité, utiliser la trame de la communication non violente :

-Lorsqu’il-elle me dit ou fait cela… (description du fait, sans interprétation, sans jugement)

-J’entends… je vois cela… et  cela me blesse, m’inquiète, me touche … (description de son ressenti)

-Parce que j’ai besoin de… (expression de son besoin)

-J’aimerais lui demander de … (demande à l’autre)

Il est fort probable que si vous parlez ensuite à l’autre avec  votre sincérité et votre désir de le retrouver, il en sera touché, et fera lui aussi de son mieux. Donnez-vous le droit de ne pas y parvenir tout de suite, encouragez-vous et prenez bien soin de vous dans ce désir de transformation.

 

 

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